Notre série «À jamais protégés » explique les raisons pour lesquelles chacun de ces parcs a sa place au sein de Parcs Ontario. Notre excellent système de zones protégées se fonde sur un modèle de représentation. Dans le billet d’aujourd’hui, la biologiste Lauren Trute nous raconte l’histoire du parc provincial Petawawa Terrace.
Pour de nombreuses familles de la région, le parc Petawawa Terrace est littéralement un parc dans leur arrière-cour.
Contrairement à de nombreux parcs provinciaux en Ontario, Petawawa Terrace n’est pas un milieu sauvage vierge. Appelé localement le « parc station piscicole », le parc de 215 ha est situé au cœur de la ville de Petawawa.
Cette petite parcelle de terre protégée a sa place au sein du réseau de Parcs Ontario parce qu’elle nous donne un aperçu de l’histoire de l’Ontario et représente des écosystèmes et des espèces d’importance provinciale.
Patrimoine représentatif du parc Petawawa Terrace
La grande richesse des paysages naturels nous fait parfois oublier que Parcs Ontario s’est également engagé à protéger notre patrimoine commun.
Le parc Petawawa Terrace a joué un rôle important dans l’histoire de la conservation de l’Ontario. Il a d’abord été établi en tant que réserve de chasse de la Couronne de Pembroke en 1928. La station d’élevage de la truite de Pembroke a été exploitée de 1929 à 1994, une des plus petites et des plus anciennes en Ontario.

Les orignaux transférés du Manitoba ont été élevés dans des enclos sur la propriété aux fins de réintroduction en Ontario et au Québec de 1929 à 1945. Le sanctuaire d’oies de Petawawa a été établi en 1951.


Au cours de ses 70 ans d’exploitation, la station piscicole de Pembroke a approvisionné en touladi et en omble de fontaine aux fins d’empoissonnement plus de 100 lacs dans les districts de Pembroke, Bancroft, Carleton Place, Tweed et Napanee, ainsi que dans le parc provincial Algonquin. La station a fermé en 1995 dans le cadre d’une restructuration provinciale de la pisciculture.
En 1981, on a fait l’acquisition du bien agricole Gutzman (Guntzman) adjacent pour garantir un approvisionnement en eau.
Les bâtiments ont été enlevés, mais une certaine restauration du site a eu lieu depuis.
On peut également trouver des vestiges d’habitat humain dans la flore, et des pommiers, des hémérocalles et des lilas apparaissent ici et là dans le paysage.

À droite : Des vestiges d’un possible bâtiment de traitement du tabac
Dans le cadre des négociations de traité en cours, les Algonquins d’Ontario ont désigné le parc provincial Petawawa Terrace comme une zone d’importance historique et culturelle au sein de leur territoire.
L’Ontario et les Algonquins ont accepté de travailler en collaboration pour établir l’orientation de la planification de la gestion pour cette zone et d’autres zones protégées situées au sein de la région visée par le règlement. Les partenaires ont convenu que l’intégrité écologique sera le premier impératif dans la gestion des parcs et des zones protégées.
Écosystèmes représentatifs de Petawawa Terrace
Vous avez oublié ce qu’est un écosystème « représentatif »? Rafraîchissez-vous la mémoire ici!
En 1983, le parc a été désigné une zone d’intérêt naturel et scientifique (ZINS) pour ses caractéristiques géologiques d’importance provinciale (la terrasse) et 14 plantes d’importance provinciale.

Il y a plus de 10 000 ans, à la fin de la dernière période glaciaire, un immense plan d’eau appelé la mer de Champlain, inonda des parties de l’Ontario et du Québec. Avec la décrue des eaux sur plusieurs milliers d’années, des terrasses se creusèrent dans le paysage comme des empreintes géologiques, nous donnant ainsi des indices au sujet de l’histoire de notre paysage.
Vous ne savez pas exactement comment se sont formées les terrasses?
Imaginez un sous-sol inondé.
Les terrasses le long de la rivière des Outaouais sont comme les marches menant à votre sous-sol inondé. Le plan de marche est la partie plane horizontale de la terrasse et la contremarche est l’escarpement.

Graduellement, le niveau d’eau baisse, étape par étape. Mais n’oubliez pas que les inondations font des dégâts. En s’évacuant de votre sous-sol, l’eau laisse derrière toutes sortes de saletés et de débris.
C’est exactement ce qui s’est produit dans la vallée de l’Outaouais.
À mesure que l’eau se retirait, l’eau mouvante découpait de nouvelles marches (escarpements) dans le paysage, laissant derrière de nouveaux plans de marche. Et sur chaque terrasse (marche), les eaux laissèrent derrière toutes sortes de débris glaciaires.
Dans le parc Petawawa Terrace, nous pouvons trouver de l’argile des grands fonds, un vestige de l’ancienne mer de Champlain, ainsi que des sols sablonneux (un paysage rare en Ontario) et des sources d’eau froide.
Les terrasses nous révèlent l’histoire de l’érosion postglaciaire, donnant un indice de ce qui est parti auparavant, tout en offrant également divers habitats pour la faune.
Les sols sablonneux bien drainés sur la terrasse supérieure supportent une ancienne plantation de pins rouges, avec des pins gris, des chênes rouges, des chênes à gros fruits et des pins blancs disséminés çà et là.
La zone inférieure du parc offre une diversité d’habitats, notamment des terres humides, des communautés de champs, des forêts à feuilles caduques de basses terres et des forêts mixtes.
Les anciens champs et les espaces découverts autour des étangs de poissons sont maintenant remplis d’asclépiades et de framboisiers, ce qui en fait des paradis pour les monarques et d’autres pollinisateurs.
Espèces représentatives du parc Petawawa Terrace
Tout comme nous voulons protéger chaque type d’écosystème, nous voulons protéger chacune des espèces représentées dans un écosystème, des pins majestueux aux petits scarabées.
Petawawa Terrace abrite 14 plantes d’importance provinciale, y compris l’isoète à spores spinuleuses, l’habénaire papillon, l’habénaire jaune, la polygonelle articulée, la chénopode, le sporobole et l’herbe à la manne.

Le cerf de Virginie et l’ours noir sont les plus gros mammifères dans le parc, et on peut également y observer le castor, le rat musqué, le vison, la loutre et le raton laveur.
Plus de 70 espèces d’oiseaux ont été enregistrées, dont bon nombre se reproduisent sur le site, notamment l’oriole de Baltimore, le butor d’Amérique et la mésange à tête noire.

La sauvagine est abondante au printemps et à l’automne. Le baguage de canards se produisait régulièrement lorsque la station de pisciculture était en exploitation.
Le parc protège également des espèces comme la grenouille léopard, le crapaud d’Amérique, la tortue serpentine, la tortue peinte, plusieurs salamandres et le monarque.
Visiter le parc que j’adore?
Dans un paysage de plus en plus urbanisé, il est facile de perdre contact avec l’environnement naturel.
Petawawa Terrace est un endroit excellent où faire une pause nature. Arrêtez-vous-y pour faire une promenade à pied, une randonnée à vélo, une course de fond ou de la raquette. La terrasse supérieure était jadis une piste de ski de fond bien fréquentée.
N’est-ce pas génial d’avoir des parcs comme le parc Petawawa Terrace dans notre propre arrière-cour?