On restaure un écosystème rare dans le parc provincial Holland Landing Prairie

Le billet d’aujourd’hui provient de Laura McClintock, naturaliste principale au parc provincial Sibbald Point. 

Dans un quartier à une heure au nord de Toronto se trouve en partie l’un des écosystèmes les plus rares de l’Ontario. 

Le parc provincial Holland Landing Prairie fait partie des prairies à herbes hautes de notre province, dont il ne reste que 3 %. 

La prairie du parc Holland Landing a beaucoup changé au fil du temps et nous sommes heureux de vous faire part des changements qui y seront apportés dans les années à venir. 

Mais d’abord, qu’y a-t-il de si exceptionnel dans une prairie de toute façon? 

Une rareté

Le parc Holland Landing Prairie est un exemple de prairie à herbes hautes, un écosystème composé principalement de fleurs sauvages et de graminées qui s’épanouissent dans un sol sablonneux, tolèrent la sécheresse et résistent aux feux de forêt. 

Les prairies à herbes hautes sont des espaces ouverts où les arbres et les arbustes poussent peu. Ces conditions de croissance expliquent la présence d’espèces de plantes qui sont propres aux prairies. 

Voici quelques espèces indicatrices d’une prairie à herbes hautes : 

  • Schizachyrium à balais ou Little Bluestem (Schizachyrium scoparium) 
  • Barbon de Gérard ou Big Bluestem (Andropogon gerardii) 
  • Asclépiade tubéreuse (Asclepias tuberosa) 
  • Céanothe d’Amérique (Ceanothus americanus) 
  • Desmodie du Canada (Desmodium canadense) 

Ces plantes poussent dans les prairies du parc. 

L’unique combinaison de fleurs et de graminées procure nourriture, habitat et abris aux oiseaux, aux insectes et aux autres animaux qui peuplent la prairie. 

Asclépiade tubéreuse

Les prairies à herbes hautes abritent une variété d’espèces – y compris des espèces en péril – comme le papillon monarque, ainsi que des espèces d’oiseaux des prairies comme le bruant des prés, la sturnelle des prés et le passerin indigo. 

Une prairie incomprise

À une certaine époque, on trouvait de nombreuses prairies en Ontario. Pourtant, aujourd’hui, elles ont presque toutes disparu. 

Quant à la prairie de Holland Landing, les activités des premiers colons au cours des cent dernières années l’ont fait disparaître. 

Les communautés de pionniers ont défriché la prairie pour la cultiver, mais comme le sol était très sablonneux et meuble, il s’est érodé. 

Les premiers colons ignoraient que les graminées comme le Barbon de Gérard (ou Big Bluestem) préviennent l’érosion grâce à leurs longues racines (qui peuvent atteindre 2 m de long!) et croyaient que ces plantes étaient inutiles. 

Ils ont plutôt planté des pins pour bloquer le vent et freiner l’érosion. En raison de l’ombre qu’ils créaient, les arbres ont fait disparaître les fleurs sauvages et les herbes indigènes qui restaient au fur et à mesure que les plantations de pins se sont établies. 

Plantation de pins

En raison du développement des routes et des quartiers qui a suivi, seule une infime partie de l’écosystème qui composait jadis le parc Holland Landing Prairie a subsisté, mais il y a de l’espoir pour cette prairie résiliente. 

Le processus de restauration

La restauration de Holland Landing Prairie exigera beaucoup de travail, et ce ne sera pas toujours joli. 

Cet automne, les habitués du parc pourraient y observer certains changements qui pourraient initialement être un peu inquiétants. 

La clé est de laisser entrer le soleil pour assurer la survie de cet habitat, ce que nous prévoyons faire de deux façons. 

Premièrement : comme on ignorait l’importance de cet écosystème, des plantations de pins ont été établies et celles-ci divisent les parties restantes de la prairie. 

Des sections des plantations seront coupées pour relier les sections de prairie, créant ainsi un écosystème continu, ce qui réduira l’ombrage des fleurs et des graminées indigènes. 

Rudbeckie (Suzanne aux yeux noirs) 

Deuxièmement : les prairies sont composées de graminées et de fleurs sauvages qui, grâce à leur système racinaire profond, prospèrent pendant les feux de forêt. 

Les systèmes racinaires profonds survivent aux incendies, puisque seule la matière végétale morte au-dessus de la surface brûle. Le brûlage dirigé de faible intensité ramène les nutriments dans le sol et laisse la lumière du soleil pénétrer au profit de nouvelles pousses.  

Brûlage dirigé 

Grâce à ces pratiques, nous pourrons restaurer un habitat essentiel pour les plantes et les animaux uniques qui constituent la communauté des prairies à herbes hautes.

Repousse de Barbon de Gérard

Comment pouvez-vous être un bon intendant?

Grâce à votre soutien, nous espérons que le parc Holland Landing Prairie pourra s’épanouir pour les générations à venir.

Pendant votre visite, n’oubliez pas que vous entrez dans un habitat fragile. 

Soyez un champion de la restauration en restant dans les sentiers, en gardant les chiens en laisse, en vous abstenant d’utiliser des véhicules motorisés et en laissant la prairie plus propre que vous ne l’avez trouvée.

Le processus de restauration sera lancé cet automne et le projet s’étendra sur une plus longue période. Pendant les travaux, veuillez respecter la signalisation et les fermetures affichées. 

Nous espérons que vous visiterez cet écosystème unique et que vous aimerez votre séjour au parc Holland Landing Prairie!

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